Se forcer à voir toujours les choses du bon côté peut pousser à ignorer toutes les émotions négatives, pourtant très utiles si l’on sait les interpréter

 

L’optimisme est un état d’esprit qui définit tout ce que nous faisons et ressentons. Lorsque l’on adopte une attitude positive vis-à-vis de la vie, on laisse la porte ouverte à la gratitude, au bonheur et à la joie. Mais la vie n’est pas tous les jours facile. Quelques obstacles suffisent parfois à nous entraîner dans une spirale de négativité… ce qui est bien naturel ! Depuis quelque temps, nous sommes en permanence poussés à voir le bon côté des choses même quand nous nous sentons mal, mais faut-il vraiment rejeter toutes les émotions négatives ? Pas vraiment : elles peuvent être très utiles pour nous aider à nous sentir mieux à long terme. Découvrez pourquoi il n’est pas sain de prétendre que tout va bien en permanence et apprenez à accepter vos émotions négatives pour favoriser un état mental sain et équilibré.  

 

Peut-on être trop optimiste ?

Nous connaissons tous une personne qui veut toujours trouver le bon côté des choses, même quand tout va mal. Par exemple, vous venez de vous séparer de l’amour de votre vie et elle tente de vous réconforter en vous disant : « Un(e) de perdu(e), dix de retrouvé(e)s ! ». L’intention est louable, mais lorsque l’on se sent triste et désespéré, ces remarques à l’emporte-pièce sont agaçantes plutôt qu’apaisantes. Car un état d’esprit exagérément positif en toutes circonstances consiste purement et simplement à se voiler la face ! C’est ce que les spécialistes appellent « positivité toxique ».   

 

La Dre Marianne Trent, psychologue clinicienne et autrice de The Grief Collective, différencie l’optimisme authentique de la positivité toxique : « Un véritable optimiste interprète ses actes et ceux des autres de la façon la plus valorisante et la plus empathique. C’est une démarche qui favorise l’acceptation et la reconnaissance. » Mais « la positivité toxique, elle, peut épuiser émotionnellement ». 

 

En quoi les émotions négatives sont-elles bénéfiques ? 

Dans les moments de détresse, nous recherchons généralement le soutien de nos proches et de notre famille, voire de parfaits inconnus, pour nous soulager et nous épauler. Mais dans ces situations difficiles, les optimistes toxiques ont l’art de nous irriter… Des études montrent que pour atteindre le bien-être personnel et panser ses plaies, il faut absolument affronter ses émotions négatives. Tenter de faire l’autruche face à la douleur ou la colère que l’on peut ressentir lors d’une rupture ou d’un deuil n’est pas seulement néfaste pour la santé mentale : cela peut avoir des répercussions sur l’état physique d’une personne. Une étude récente constate que les personnes qui tentent de supprimer toutes leurs émotions négatives ont un taux de mortalité plus élevé, notamment lorsqu’elles doivent faire le deuil d’une relation ou d’une personne.  

 

Notre cerveau est conçu pour ressentir des émotions négatives

Les émotions négatives sont essentielles pour les humains. Nous les utilisons instinctivement pour nous protéger et ne pas répéter les mêmes erreurs. Les émotions négatives comme la peur, la culpabilité, la tristesse et l’anxiété sont toutes nécessaires pour apprendre la résilience et rester en sécurité. Quand nous vivions encore en tribu, les émotions négatives permettaient aux autres d’évaluer les bonnes et les mauvaises actions d’un point de vue moral et éthique.

 

Aujourd’hui, nous avons évolué, mais nous ressentons toujours des émotions négatives. En général, nous arrivons à agir pour guérir et à nous remettre de ces états émotionnels. Mais certaines personnes tombent parfois dans un tourbillon de négativité. Experte en traitement des traumatismes, la Dre Lisa Turner a fondé CET Freedom et nous explique que « la biologie, ou la génétique, joue un rôle dans notre tendance au positivisme. D’après certaines études, certaines personnes sont génétiquement prédisposées à l’optimisme ou au pessimisme. Cependant, la génétique n’est qu’un facteur parmi tant d’autres ; elle n’est pas le seul critère déterminant dans notre vision de la vie. Les personnes que nous rencontrons et les expériences que nous vivons peuvent aussi façonner notre attitude et nos croyances », explique-t-elle. « Si nous sommes exposés au stress et à la négativité, nous risquons d’avoir plus de mal à garder une attitude positive », conclut-elle. Pas de panique donc : même si nous ne sommes pas optimistes de nature, nous pouvons apprendre à gérer nos émotions négatives. Nos amis et notre famille peuvent nous entourer et nous soutenir pour surmonter les épreuves de la vie. 

 

Émotions négatives : des signaux intéressants 

Comme le fait remarquer la Dre Lisa Turner, « la positivité toxique nous pousse à rejeter les émotions négatives. Ce n’est pas grave de ressentir une émotion négative. Les émotions négatives sont là pour nous indiquer que quelque chose ne nous convient pas, que nous sommes en train de faire un mauvais choix ou une mauvaise action, ou qu’une personne de notre entourage est en train de dépasser les limites. Au lieu d’ignorer ce que vous ressentez, acceptez-le ».  

  

« Vos émotions sont des informations, des alertes rouges qui vous permettent de déterminer ce que vous ne voulez pas dans votre vie », résume la Dre Lisa Turner. « Si vous tentez d’ignorer une situation désagréable, vous entrez les mauvaises coordonnées dans le GPS. » Pour revenir à un état d’esprit plus positif, vous devez d’abord prendre conscience de ce qui vous dérange, vous attriste ou vous déstabilise.  

 

La Dre Marianne Trent, de son côté, souligne que « les humains ont naturellement tendance à vouloir se soustraire à la douleur, parce que c’est un stimulus désagréable. Nous avons donc tendance à nous défiler plutôt qu’à affronter les émotions compliquées. Mais savoir les accepter et les ressentir est essentiel pour notre bien-être. Tenter d’y échapper peut déboucher sur d’autres troubles, comme l’anxiété ou la baisse de moral. »  

 

Ressentir sainement des émotions négatives

 

1) Nommez vos émotions 

Au fil de notre vie, nous arrivons à être plus en accord avec nous-mêmes et cultivons petit à petit notre développement personnel. Cet état d’esprit est précieux pour nous aider à mieux comprendre nos émotions négatives. Nommez-les et tentez de les interpréter pour vous connecter avec votre ressenti authentique, valider vos propres choix et prendre le contrôle de votre vie.

 

2) Ressentez vos émotions 

Les émotions négatives trouvent toujours un moyen de s’exprimer à travers le corps. Les sentiments de tristesse, de douleur ou de rejet peuvent provoquer des tensions et des contractures. La méditation est un outil utile à long terme pour apaiser l’esprit et libérer le corps des facteurs de stress émotionnel. Passez tout votre corps en revue avec cette séance de méditation de 10 minutes à pratiquer dès que vos pensées s’emballent, pour soulager les tensions et vous recentrer sur le moment présent. 

 

3) Utilisez vos émotions 

Les émotions négatives vous indiquent souvent qu’il existe un chemin plus approprié. Par exemple, si vous ratez un examen, un concours ou un entretien d’embauche, vous allez ressentir de la déception et des regrets. Mais ces sentiments vous permettront d’apprendre de votre erreur : vous n’avez pas envie de ressentir à nouveau ces émotions et allez faire ce qui s’impose pour l’éviter. Une étude récente montre que les travailleurs qui ressentent en permanence des émotions négatives lorsqu’ils commettent une erreur ont tendance à mieux réussir leur carrière que ceux qui ne se trompent jamais, car ils apprennent à utiliser leurs émotions négatives comme un tremplin vers le succès.  

 

Et pour finir, « les personnes qui conservent un optimisme aveugle en toutes circonstances s’enlisent dans un état de déni », alerte la Dre Lisa Turner. « Prenez une inspiration, analysez vos véritables émotions et tentez de ne pas céder à votre impulsion d’enterrer ou de dissimuler toutes les sensations désagréables que vous avez. » Après tout, nous sommes des êtres complexes et chacun de nos sentiments a un rôle à jouer.